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Blé tendre : sur la campagne 2025/26, la France « doit relever le défi de l’export »

Argus Média n’anticipe que 8 Mt d’exportations de blé tendre français vers les pays tiers.

Malgré une récolte satisfaisante de blé tendre cette année, la fermeture du marché algérien et la baisse des achats chinois risquent de freiner les exportations françaises sur la campagne de commercialisation 2025/26.

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Après la catastrophe de 2024, « la France retrouve de bons volumes » de blé tendre en 2025 : la production nationale rebondit à 33,4 Mt selon la dernière estimation d’Argus Média France (ex-Agritel), présentée en point presse le 28 août.

Mais la campagne de commercialisation 2025/26 s’annonce pleine de défis. La demande intérieure resterait globalement stable par rapport à 2024/25 : 9,64 Mt pour l’usage humain et industriel, et un léger rebond attendu pour l’alimentation animale (à 4,6 Mt). Les exportations vers l’UE atteindraient 6,8 Mt, « un niveau assez soutenu depuis deux ans », précise l’analyste Maxence Devillers.

Avec une offre en hausse et une demande domestique et européenne stable, la France, pour équilibrer son bilan, devrait exporter « massivement » son blé tendre vers les pays tiers : autour de 9,5 Mt. Mais Argus Média n’anticipe que 8 Mt d’exportations vers ces destinations hors Europe (contre 10 Mt sur la moyenne des campagnes 2019/20 à 2023/24).

Les stocks de fin de campagne pourraient ainsi grimper à 4 Mt, un record depuis vingt campagnes, presque le double de ceux de 2024/25.

Deux débouchés majeurs en recul

Ces prévisions en demi-teinte s’expliquent par la perte de deux débouchés majeurs. Pour des raisons diplomatiques, l’Algérie, qui représentait 30 à 50 % des ventes françaises vers les pays tiers il y a quelques années, s’est quasiment fermée au profit d’autres fournisseurs, la Russie en tête.

Et la Chine, « devenue acheteuse de blé français en 2019-2020, ce qui a permis de compenser en partie l’absence de l’Algérie », n’achète presque plus rien : « on estime à 500 000 tonnes les ventes de blé pour 2025/26 ».

« L'appétit chinois est depuis maintenant un peu plus de dix-huit mois très restreint, voire réduit à zéro ». Parce que la Chine a eu de bonnes récoltes et, en raison d’une économie encore en difficulté, voit sa consommation et donc ses besoins de stock de réserve baisser, ajoute l’analyste.

Pour atteindre ces 8 Mt expédiés vers les pays tiers sur 2025/26, et à plus long terme conserver sa place à l’export, « la France devra consolider ses positions au Maroc et en Afrique sub-saharienne, tout en explorant de nouveaux marchés. Les récents contrats vers l’Égypte et l’Asie du Sud-Est illustrent cette obligation de diversification », commente Argus Média.

Le cabinet estime que le Maroc, devenu le premier client hors Europe de blé tendre français, pourrait en acheter 2,5 Mt cette campagne. Les ventes vers l’Afrique subsaharienne atteindraient 2,4 Mt. Et le débouché égyptien serait de retour, avec 0,9 Mt.

Miser sur la consommation intérieure et européenne

« On pourrait revoir ces chiffres, car le blé français a été compétitif et le reste encore aujourd’hui », souligne Maxence Devillers.

L’origine française a des atouts à l’export, pointe de son côté Gautier Le Molgat, directeur général d’Argus Média France. « Nous avons la chance d’avoir des frais de fobing hyper compétitifs par rapport à d’autres pays comme l’Ukraine (…), précise-t-il, insistant sur l’importance d’optimiser la logistique, y compris avec les syndicats des exportateurs.

Au-delà des exportations, il appelle à développer les débouchés domestiques et européens, alimentaires et non alimentaires.

« La mer Noire monte sur le marché en termes de compétition, donc toute initiative pour trouver de nouveaux usages du blé est favorable », lance-t-il, citant notamment la filière des bioplastiques : « Le blé est avant tout une chaîne de carbone, et avec ça on peut faire beaucoup de choses, et sourcer en local (…) Du blé, on va en consommer plus ! »

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